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Le Courbet, navire français au large de la Libye, visé par une manœuvre turque «extrêmement agressive»

La frégate française Le Courbet, près du Canal de Suez, au Caire, le 19 avril 2013.
La frégate française Le Courbet, près du Canal de Suez, au Caire, le 19 avril 2013. AFP

Si Ankara dément les accusations, Florence Parly a mis les points sur les «i» lors d'une visioconférence avec des ministres de la Défense de l'Alliance.

Passe d'armes entre Ankara et Paris : Le Courbet, un navire français déployé au large de la Libye pour identifier un cargo suspecté d'être impliqué dans un trafic d'armes, a fait l'objet le 10 juin dernier de trois «illuminations radar», équivalant à un marquage de cible, de la part d'une frégate turque, a révélé ce mercredi le ministère français des Armées.

«Selon les règles d'engagement de l'Otan, un tel acte est considéré comme hostile», a indiqué au Figaro le ministère des Armées.

«Cette affaire est à nos yeux très grave. On ne peut pas accepter qu'un allié se comporte de cette façon contre un navire de l'Otan, sous commandement Otan, menant une mission de l'Otan», a-t-on précisé du côté du ministère de l'Intérieur. Les navires turcs utilisent d'ailleurs «des indicatifs Otan» pour s'identifier lors de leurs missions d'escorte.

Manoeuvre «agressive» que dément Ankara

Une manœuvre «agressive» qui a poussé Paris à dénoncer la «politique de l'autruche» de l'Otan face à la Turquie, la confrontant à ses agissements au sein de l'Alliance, en Libye ou en Irak. «On a déjà connu des passes compliquées dans l'Alliance, il y a des moyens de les surmonter mais on ne peut pas faire la politique de l'autruche et on ne peut pas prétendre qu'il n'y a pas un problème turc actuellement à l'Otan. Il faut le voir, le dire et le traiter», a précisé auprès de Reuters un responsable du ministère français des Armées.

De son côté, Ankara dément formellement ces accusations : Il est «totalement faux» de dire qu'un navire turc a harcelé un bâtiment français, a déclaré mercredi un haut responsable de l'armée turque. Selon ce dernier, la marine française n'a eu aucune communication avec le bateau turc lors de l'incident en question. «La Turquie honore toutes ses obligations en tant qu'allié, aujourd'hui comme hier», a-t-il dit. «Il est triste de constater que cette affaire ait pris une telle ampleur.»

Situation explosive, les dissidents soutenus par Paris ?

La Turquie multiplie depuis plusieurs mois les incartades en Libye, en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Depuis 2011, aucun responsable politique n'a réussi à prendre le contrôle du pays, divisé entre deux hommes forts : le maréchal Haftar, chef de l'Armée nationale libyenne (ANL), et Fayez al-Sarraj, le premier ministre reconnu par les Nations unies.

Les combats font rage en Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Ici, à Tripoli, le 7 septembre 2019. Mahmud TURKIA / AFP

Si al-Sarraj contrôle depuis début juin la capitale Tripoli et sa région, au terme d'une bataille décisive longue de 14 mois, Haftar est publiquement soutenu par l'Égypte, la Russie et les Émirats Arabes Unis. Et bien qu'elle s'en défende, la France est accusée de faire de même. La Turquie, elle, œuvrerait dans l'ombre à la victoire du Gouvernement d'Union Libyen (GNA) de Fayez al-Sarraj, en exportant à ses troupes des armes lourdes. La nation de Recep Tayyip Erdogan entretient également les pourparlers avec la Russie pour convenir d'une trêve.

Tensions franco-turques continues

Paris et Ankara se livrent à d'ardentes déclarations depuis quelques jours, alors que la Turquie ne cesse de s'investir au Moyen-Orient et en Libye. La semaine dernière, l'Union européenne a demandé l'appui de l'Otan pour l'aider à faire respecter l'embargo sur les armes en Libye, après avoir été empêchée par l'armée turque d'inspecter un navire suspect. Dimanche, l'Élysée a dénoncé l'interventionnisme «inacceptable» de la Libye, après le déploiement de sept navires turcs au large de la Libye. «Les Turcs se comportent de manière inacceptable en instrumentalisant l'Otan et la France ne peut pas laisser faire», a ajouté la Présidence.

Ce à quoi avait répondu la Turquie : «Le soutien que la France a fourni au putschiste et voyou Haftar, qui cherche à imposer un régime autoritaire en renversant le gouvernement légitime (...), a exacerbé la crise en Libye (...) Il est inacceptable qu'un allié de l'Otan se comporte de cette façon.»

Autre pierre d'achoppement, la situation des Kurdes en Irak : la Turquie, ouvertement opposée à la communauté - pourtant reconnue pour son rôle décisif dans la lutte antiterroriste en Syrie -, a déployé de nombreuses forces spéciales ce mercredi matin dans le nord de l'Irak. Emmanuel Macron avait déploré en novembre dernier l'état de «mort cérébrale» de l'Otan sur la question.

Depuis avril 2019, le conflit libyen a fait des centaines de morts, dont de nombreux civils, et poussé plus de 200.000 personnes à fuir leur domicile.

À voir aussi - Conflit libyen: où en est le processus de paix?

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583 commentaires
  • Gauloisif2

    le

    MErdogan ne rêve que d'une chose, faire aux Kurdes, ce que la Turquie avait fait aux Arméniens. il faut arrêter l'hypocrisie. Ce n'est qu'un apprenti dictateur aux portes de l'Europe. Heureusement que la Turquie n'est pas entrée dans l'Europe, dont elle ne fait pas partie. Elle est d'ailleurs l'ennemie de la Grèce, fondation de nos démocraties, et base de notre civilisation judéo-chrétienne.

  • PBa

    le

    Erdogan agit comme Hitler et teste les comportements de faiblesse et de peur du conflit de ses adversaires .
    Si on veut éviter la guerre il vaut mieux ne pas se comporter comme Edouard Daladier à la conférence de Munich .

  • PBa

    le

    Ne faut-il pas devant une « illumination radar « armer les missiles et avertir l’ennemi que l’inspection aura lieu quoi qu’il arrive après avoir averti l’OTAN de l’imminence d’un conflit?

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